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L’entreprise autrement | La sécurité, encore et toujours

 

La sécurité, comme déjà dit, doit devenir, dans chaque entreprise, une préoccupation majeure du management, d’abord puis du reste des personnes qui y travaillent et même de celles qui s’y rendent pour une raison ou une autre. Par sécurité nous entendons l’élimination des risques à la source quel que soit leur type (Incendie, vol, risques liés au travail, financier, social, judiciaire, informatique, etc.).

Aujourd’hui et après de longues années de lutte contre risques et dangers ainsi que de lourdes pertes humaines et matérielles subies à la suite du manque de prévention, il n’est plus admis pour l’entreprise et aussi pour son environnement et ses partenaires d’enregistrer un accident de quel type qu’il soit. L’on parle couramment de l’objectif durable du «Zéro accident». Devenu une réalité dans bon nombre d’entreprises. Il suffit d’observer un chantier du bâtiment pour conclure rapidement que la sécurité est le dernier souci de ceux qui le gèrent et ceux qui y travaillent. Pire, aucun souci de sécurité pour les passants surtout quand les travaux ont lieu dans une ville et encore plus dans une artère bien fréquentée. Hélas, bon nombre de patrons continuent de négliger la sécurité et se contentent de fournir des équipements individuels pour la protection contre certains risques et dangers, histoire de respecter un tant soit peu la législation en vigueur. Un grand nombre de travailleurs continuent, pour leur part, de penser risques et dangers, surtout ceux du type professionnel, en termes de primes. Pour eux, ces fléaux sont fatals et le fait de les côtoyer doit pour eux se traduire en une compensation en espèces ou en nature. Or, comme ne cessait de le répéter feu le Pr Abdelaziz Ghachem, père de la médecine du travail et de la médecine légale en Tunisie, «il faut supprimer le risque, non le primer». Ce qui implique l’élimination des causes premières, mais aussi celles qui pourraient conférer à l’incident un caractère plus grave et à l’accident commun de se transformer en accident majeur. Cela nécessite non seulement un travail de mise en place des systèmes de management (Voir notre précédente chronique) selon des normes bien précises mais aussi d’assurer leur application rigoureuse. La prévention, qu’elle soit primaire, secondaire ou tertiaire, compte, il faut le préciser, plusieurs aspects (technique, médical, comportemental, légal, etc.) et il faut tous les mettre en œuvre pour prétendre l’assurer. Nous avons eu l’immense privilège de faire partie, au cours des années 1980, de l’équipe de feu le Pr Ghachem et nous avons eu la chance aussi bien d’assister à ses cours et à ceux de ses illustres confrères étrangers, que de travailler sous sa direction sur le terrain.

Nous avons pu ainsi devenir un témoin du domaine. Un témoin direct et bien outillé puisque nous avons pu photographier et filmer des centaines de cas dans l’écrasante majorité des entreprises industrielles et autres (mines, carrières, ports, etc.) de notre pays. Témoin aussi bien des risques eux-mêmes que de leur impact violent et parfois mortel et macabre (examen des cadavres). Nous avons eu également l’occasion de participer à l’examen médical des dommages corporels et aussi nécrologiques de victimes d’accidents de la vie courante et cela nous a permis de mesurer le poids de ces événements douloureux que l’on aurait pu éviter. Nous avons fait partie aussi de l’équipe chargée, sur le plan national, de concevoir et d’évaluer les actions éducatives inhérentes à la prévention des grands risques pour la Santé publique (Sida, tabagisme, rage, tuberculose, scorpionnisme, intoxications, etc.). Ce qui nous a permis de mieux connaître les failles et les lacunes dans ce domaine.

Ce passage au sein de l’équipe qui veillait sur la promotion de la santé et la sécurité des travailleurs et des citoyens d’une façon générale, du côté de l’Etat, a été enrichi par la suite par la participation, côté journalisme professionnel à partir de 1992, à la majorité des colloques organisés sur la question et des séminaires de formation en relation.

Nous avons pu aussi visiter, toujours dans ce dernier cadre, pas mal d’entreprises de notre pays et en visiter d’autres dans bon nombre de pays avancés ou développés (France, Allemagne, Espagne, Corée, Chine, Inde, Turquie, etc.) et même rendre compte d’accidents graves. Ce qui nous a permis d’assez bien connaître la réalité tunisenne concernant ce volet et d’affirmer sans risque de nous tromper, que beaucoup reste à faire. Ayant fait partie des bénévoles du Croissant Rouge tunisien, secouriste, formateur et conseiller aupès du staff dirigeant et aussi dirigeant d’une association pour la sécurié routière, et aussi membre du Conseil scientifique de l’Observatoire national pour la sécurité routière, pendant de longues années, nous pouvons affirmer que nous sommes encore loin des normes les moins exigentes du domaine.

Il s’agit, à notre humble avis, d’adopter, en premier une stratégie nationale d’information, de communication et d’éducation dont le principal objectif serait d’incruster l’esprit sécurité globale (domestique, routière, du travail, des loisirs,…) dans toutes les mentalités, dès le jeune âge et de faire adopter, à tous, les comportements sûrs.

(II et fin)

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